J’ai 36 ans. Adolescent, j’ai commencé à étudier les cartes du Tarot de Marseille. Lecteur insatiable, j’ai aussi eu la chance de bénéficier de l’enseignement de grands noms du Tarot. Marcel Picard, Tchalaï Unger, Philippe Camoin, Carole Sédillot, Jean-Claude Flornoy sont mes « facilitators ». En décembre 1997, j’ai entrepris de faire du Tarot une activité professionnelle à temps complet. J’ouvrais alors un cabinet de voyance à Reims, ne sachant pas comment nommer autrement ce lieu. A peine deux ans plus tard, il fermait ses portes.
Cette plongée rapide et profonde au coeur du milieu de la voyance professionnelle, sans préparation particulière et sans formation adaptée (hormis la connaissance d’un bout de Tarot) n’avait été rendue possible que grâce à une forte personnalité, un culot sans borne et quelques rencontres.
Faire de la consultation du Tarot un métier oblige à passer par l’inconfortable statut de voyant. A moins d’être diplômé en psychologie, ce que je ne suis pas. Voyant, c’est ainsi que sera perçu le tarologue, au moins dans un premier temps, et ce quoi qu’il fasse. Or, mon intention de départ n’était pas de dire l’avenir mais de décoder le présent pour permettre de se remettre en chemin. Je n’ai pas su m’y tenir. Parce que la demande divinatoire se faisait pressante et par manque de préparation personnelle.
je vois par SMS dans mes boules de cristal 2014
Ce sont donc plusieurs centaines de personnes qui ont défilé devant moi avec leurs sourires, leurs larmes, leurs attentes et leurs espoirs. Elles n’auront pas cessé de m’investir d’un pouvoir que je n’avais pas, m’obligeant à répondre à des questions plus grandes que moi ! J’étais pris au piège du statut de voyant, victime d’une simple terminologie, d’une identité trop imprécise.
Avec le temps, j’ai acquis l’intime conviction que je ne pouvais pas décemment continuer à prédire l’avenir, c’est-à-dire entretenir les gens dans l’attente d’un futur probable mais qui n’existera peut-être jamais ! Pourtant, sans aucun doute possible, il m’a été donné de vivre de grands moments de voyance pure avec leurs cortèges de prédictions plus précises les unes les autres. Le phénomène voyance possède donc bien une réalité propre. Hélas, il est aléatoire, éphémère, incontrôlable et cela vaut pour tous.
Alors, à la plus grande surprise de tous, j’ai choisi de mettre un terme à cette aventure. Se glisser dans la peau d’un devin, c’est le plus souvent jouer un rôle autoritaire, inconfortable, dangereux et malhonnête. Les charges professionnelles de mon cabinet commençaient à se faire lourdes, j’en ai profité pour stopper l’entreprise. J’avais besoin de faire un break pour analyser cette expérience et prendre du recul. Ironie du sort, à force de dire aux autres vers quoi ils tendaient, ma propre destinée m’échappait.
Trois années se sont écoulées depuis ma cessation d’activité. Trois années pendant lesquelles je n’ai pas cessé d’étudier le Tarot. Je sais aujourd’hui que nombre de mes prédictions ne se sont pas réalisées. C’est d’ailleurs le lot commun de tous les voyants.
Le succès relatif de mon cabinet s’expliquait certainement par ma capacité à saisir le présent des consultants (c’est la dimension « magique » de l’entretien) et à les remettre en chemin. Faire en sorte qu’ils puissent re-devenir acteurs de leur destin. Cela, je le dois à mon travail personnel avec le Tarot, monument de connaissances intemporelles, magnifique encyclopédie pictorale traitant de la nature humaine.
Un contact facile, un cabinet accueillant et un brin de chance ont fait le reste.
Aujourd’hui, je prépare mon retour sur la scène publique avec un contrat clair pour une meilleure relation avec mes consultants.
